CHAPITRE V

Visite illustrée et anecdotique du Canal.

 

 

XII ) seizième kilomètre

 

a ) Aqueduc de Molino Bianco (les Sept Ponts)


L’aqueduc coupe la route d’Alata.

Ouvrage d’une hauteur de 21 m, long de 128,80 m, constitué de 12 arches d’une portée de 8 mètres.

Type haut.

 

 

Image 122 : le canal serpente.

Image 123 : une petite cascade.

 

Image 124 : l’aqueduc de Molino Bianco, vue aérienne.

Image 125 : borne kilométrique portant
 le chiffre 16.
Image 126 : détail de l’appareil
 de l’ouvrage.

 

Le canal serpente à travers champs (image 122), rencontre la borne kilométrique №16 (image 125) avant de s’engager dans une dernière petite cascade à l’entrée d’amont de l’aqueduc des Sept Ponts (image 123) qui permet de perdre un peu plus de deux mètres d’altitude.

Tout à fait caractéristique des aqueducs que nous avons définis comme étant de type haut (image 126), cet ouvrage possède en plus un garde-corps en fer forgé.

Coupant la route d’Alata, depuis toujours le plus important village autour d’Ajaccio et fief du comte Pozzo di Borgo, cet ouvrage aurait, à l’instar de celui de Mezzavia, mérité un appareil plus élaboré

Image 127 : l’aqueduc vu de dessus.

 

 

b ) Aqueduc de Pratale

 

Quartier des Baraques. Le long du chemin des Chopiccioli.

Ouvrage long de 61,20 m, constitué de 7 arches

Type simple.

 

Image 128 : l’aqueduc de Pratale, vue aérienne.

 

L’aqueduc de Pratale présente la particularité d’avoir des portées d’arches qui ne sont pas uniformes.

Sur cette image l’arche de gauche (amont) a une portée de 6 mètres et celle de droite (aval), une portée de 3,5 mètres.

L’aqueduc dispose d’une décharge avec vanne rideau. Le rideau se commande depuis une plate-forme métallique au dessus de l’eau qui permettait aux employés de régler le niveau sans devoir descendre dans le radier et de fait, d’avoir de l’eau jusqu’à la taille.

Image 129 : deux arches de portée différente.


 

 

 

Image 130 : la vanne rideau.

Image 131 : la plate-forme de commande de la vanne à gauche. On remarque un trop-plein à droite et des glissières au premier plan pour interrompre toute circulation de l’eau.

 

c ) Aqueduc de Mozzo


Prendre le chemin de Mozzo depuis la Rocade.

Ouvrage long de 93,20 m, haut de 18 m environ, constitué de 9 arches d’une portée de 8 mètres.

Type haut.

 

Image 132 : le canal entame un virage pour entrer en ville.


Après avoir coulé en direction du sud-ouest depuis l’origine, le canal entame à Pratale, un virage pour s’orienter vers le sud et amorcer son entrée en ville.

En amont de l’aqueduc de Mozzo, le canal se jette dans un petit bassin muni d’une grille, qui permet d’éviter toute obstruction du tunnel franchissant le chemin des Chopiccioli.

 

Image 133 : le canal se jette dans un bassin juste avant d’emprunter le tunnel sous la route.
Image 134 : tunnel sous le chemin de Chopiccioli.

 

Le tunnel aboutit à l’entrée de l’aqueduc.

 

Image 135 : l’aqueduc de Mozzo, vue aérienne.

 

Difficile à photographier de face depuis le sol, l’aqueduc de Mozzo est beaucoup plus haut qu’il n’y paraît.

Un trop-plein dont le niveau a été abaissé (il ne possède plus sa pierre de couronnement), régule le niveau d’eau qui, à l’origine, devait être assez important car les parapets de cet ouvrage sont particulièrement hauts.

 

Image 136 : l’aqueduc vu de dessus.
Image 137 : vue du radier,
Mozzo est un aqueduc profond.

A la sortie de l’aqueduc, le canal passe sous la route de Mozzo par un tunnel, il court à travers champs jusqu'au château dit « des Anglais », où il va alors emprunter le siphon de la Carosaccia pour traverser la dépression des Padules.

 

d ) Siphon de la Carosaccia


Prendre la route de la Carosaccia depuis la Rocade, remonter l’escalier de pierre.

Siphon d’une longueur de 451,50 mètres.

 

Paradoxalement, un des ouvrages le plus remarquable du canal est aussi le plus discret, puisque constitué d’une conduite souterraine en fonte.

Le passage en siphon de la vallée des Padules, à permis une économie de 300 000 Fr (soit environ 1 000 000 € actuels) par rapport au franchissement sur un pont-aqueduc.

 

Image 138 : le canal traverse la dépression des Padules dans une conduite souterraine en fonte (matérialisée en vert sur cette photo).

 

Pour éviter que la conduite ne soit obstruée par les éléments charriés par le canal, la tête de siphon d’amont est équipée d’un grilleur, c’est à dire de plusieurs grilles qui se suivent dans un bassin1, et dont le tamis se réduit. Il a fallu, jusqu’à la fin de l’exploitation du canal, nettoyer les grilles tous les deux jours.

On aperçoit dans le bassin, deux conduites d’entrée des eaux. Une grosse conduite rouillée et une conduite noire, plus petite. Cette dernière remplace depuis les années soixante la conduite historique.

Il arrivait que le bassin soit vidangé par quelque riverain indélicat, car les grilles constituaient un excellent piège à truites.

Image 139 : la tête de siphon d’amont, en arrière plan : le château des Anglais.

 


 

Image 140 : l’enfilade des grilles
de plus en plus fines.

Image 141 : en haut à droite, l’entrée
de la grosse conduite historique. En bas
 à gauche, la nouvelle conduite noire.

 

Image 142 : Vanne de la nouvelle conduite au départ du grilleur, démultiplicateur de force.

Sortant du bassin de tête, la conduite passe sous cet escalier, puis sous un champ où elle rejoint une maisonnette en pierre de forme carrée, au toit en berceau brisé2.(brique rouge sous enduit).

La maisonnette abrite un robinet (système Herdevin, Ø 80 cm) qui permet de totalement vidanger la conduite. On se trouve alors au point le plus bas du siphon, afin de la nettoyer.

La nouvelle conduite avait été reliée au robinet qui continuait donc à jouer son rôle.

Sur une des faces de la maisonnette, la décharge du siphon se déversait dans un canal perpendiculaire à la conduite, qui rejoignait le ruisseau des Cannes3.

Image 143 : escalier sous lequel passe la conduite du siphon.
 

 

 

La conduite dévale la pente jusqu'à la maisonnette.

Image 144.

Images 144 et 145 : la maisonnette abritant le robinet déchargeant le siphon.

 

 


Image 146 : la maisonnette
 et le canal de décharge.
Image 147 : le robinet de décharge
 à l’intérieur de la maisonnette.

 

La conduite historique est enterrée à l’intérieur d’un ponceau qui franchit le ruisseau des Cannes.

La nouvelle conduite, elle, est fixée sur le côté du ponceau.

Après le ponceau, la conduite entame sa remontée vers la tête d’aval.

Sur le ponceau, on peut facilement faire affleurer la conduite historique en creusant un peu (image 149).

La conduite historique, en fonte, d'un diamètre de 80 centimètres, présente une bague impressionnante qui joint deux portions de tuyaux, caractérisant ainsi les techniques de plomberie du XIXe siècle.

Image 148 : le ponceau qui soutient
 la conduite du siphon.

Le ponceau en 2014 du coté opposé à l'image 148. Le coté portant la "nouvelle" conduite est aujourd'hui remblayé et le ruisseau des Cannes drainé dans deux tuyaux que l'on voit ressortir là, pour laisser place au parking du Drive Leclerc.

 

Image 149 : la conduite historique affleurant sur le ponceau. On y remarque une impressionnante bague de jonction en fonte.

 

Image 150 : la tête d’aval du siphon de la Carosaccia près du chemin de Biancarello.

 


L’urbanisation des quartiers de Saint-Jean et du Laetitia, a contraint la municipalité à faire couvrir le canal depuis la tête de siphon d’aval, jusqu’à son arrivée à l’usine de traitement de Canneto. Une première fois vers 1958, puis début 80, le canal a été busé. De la tête d’aval jusqu’au Laetitia, la buse est posée au fond du canal qui a ensuite été comblé. Après l’avenue de la Grande Armée, le canal d’origine n’existe plus et la buse emprunte un tracé différent de celui de la maçonnerie d’origine.

Revenons à la sortie de la tête d’aval : le canal suit son cours sur quelques mètres avant d’emprunter l’aqueduc de Biancarello.

 

 


  1. Dans le domaine de l’hydraulique, il ne faut pas parler de bassin, mais de bâche.
  2. Forme de voûtement constitué de deux portions de voûtes sécantes.
  3. On nomme ainsi les divers ruisseaux dont certains sont franchis par les aqueducs du canal de la Gravona et qui ont été drainés au XIXe siècle dans un canal qui se jette à la mer en face du bar Le Calao, c'est l'exutoire des Cannes.